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Comprendre la notion de "confort" pour construire une société plus robuste

Photo du rédacteur: Antoine HorellouAntoine Horellou

Le confort, c'est quoi ?


Il est vraiment passionnant de constater que le Larousse décrit le confort dans l'ordre suivant :

  1. la sensation de bien-être procurés par un ensemble d'équipements

  2. Le bien-être apporté par un vêtement ou un équipement

  3. La tranquilité d'esprit (confort psychologique) lié au rejet de toute préoccupation


Donc l'acception commune du confort serait un bien être dépendant d'abord de "choses" matérielles ?


Allons plus loin :


Le concept d'Homo Confort


Dans un bouquin paru récemment, l'anthropologue Stefano Boni, Homo Confort (L'échappée, 2022) semble valider cette idée. Il nous explique que la quête de confort a dépassé (pour la plupart des classes sociales des pays dits "développés") celle de la simple satisfaction des besoins de base (sécurité, se nourrir, etc) pour devenir un idéal absolu : être débarrassé de toute forme de contrainte (fatigue, effort).


Boni nous explique que l'expansion de ce confort moderne (par exemple les écrans connectés) est la cause de nombreux maux :

  • affaiblissement de nos capacités cognitives, sensorielles,

  • perte d'autonomie au profit de dispositifs technologiques,

  • renforcement de l'individualisme,

  • appauvrissement et instrumentalisation des relations sociales (humaines et non-humaines)

  • aboutissant à la destruction des écosystèmes (soi-mêmes, et les autres).


Alors, on fait comment ?


Boni conclut sur le fait qu'il y a une émancipation et un bien-être à retrouver en résistant à l'hypertechnologie par des activités où l'on va se reconnecter au réel, au vivant en nous et autour de nous, créer des objets concrets, réparer, fabriquer soi-même ses produits ménagers, défendre l'agriculture paysanne, transmettre, etc.


Vers une 3e voie : le vivant


Le concept "Homo Confort" me parle car :

  • il me renvoie à mes premiers séjours dans les campagnes nigeriennes et burkinabées, quand, privé de tout "confort moderne" mais inondé de simplicité, de gratitude et d'humanité, je me sentais simplement heureux. A mon retour dans la "civilisation moderne", tout en étant bien conscients des apports de celle-ci quant à la satisfaction de mes besoins essentiels, j'étais alors choqué par 2 choses :

    • l'ubiquité de la publicité pour des choses futiles

    • le niveau de malheur apparent des humains contaminés par le "modernisme"

    Ce choc semble d'ailleurs partagé par beaucoup, notamment les experts du sujet : les anthropologues (P. Descola en témoigne aussi dans l'émission l'invité au carré, 11 oct. 2024).

  • il me conforte (sic!) aussi dans l'idée que, pour faire face à notre monde fluctuant, nous devons accompagner les nouvelles générations dans une prise directe avec le réel, pour leur faire gagner en robustesse (Hamant, 2022).

    C'est ce qu'on fait avec nos ForestSchools, mais aussi avec cette multitude de projets qui fondent une "troisième voie du vivant" entre technosolutionnisme cornucopien (comme dirait Philippe Bihouix) et défaitisme effondriste.

    De multiples citoyens, acteurs, chercheurs, penseurs, artistes, créent cette nouvelle culture combinant altruisme, savoir et frugalité.

    Je suis très heureux d'y participer, à mon humble niveau.


Quelques auteur·es à (re)découvrir :

Voici quelques pistes pour développer votre culture de l'anthropocène et l'émergence d'un monde nouveau fait de "culture du vivant".

  • Olivier Hamant, La troisième voie du vivant, Odile Jacob, 2022

  • Vinciane Despret, Habiter en oiseau, Actes sud, 2019

  • Baptiste Morizot, Manière d'être vivants, WildProject, 2020

  • Anna Tsing, Le champignon de la fin du monde, LaDécouverte, 2015

  • David Goodhart, la tête, la main, et le coeur, Les Arènes, 2020

  • Donna Haraway, Vivre avec le trouble, DesMondesAFaire, 2020

  • Sébastien Bohler, le bug humain , Pocket, 2020

Sur ce dernier auteur, je ne résiste pas à vous partager cette infographie :



Comprendre le confort EN VRAI !


Fermons les bouquins justement et connectons-nous au réel pour le comprendre.


Dans la forêt par exemple, il n'y a pas de bouton "plus chaud" ou "plus frais", c'est donc un excellent terrain pour tester notre capacité d'adaptation :


L'objectif : commencer par des petites sorties de quelques heures, puis aller pourquoi pas vers un bivouac en plein hiver ?


Ce que vous allez gagner : vous verrez, en rentrant chez vous, vous aurez naturellement réduit votre exigence de confort, et ainsi développé votre robustesse (par exemple en cas de coupure de chauffage).


Comment célébrer la volupté thermique en plein hiver ?

Il faut déjà savoir se préparer et se débrouiller (pour soi et pour celleux qui dépendent de nous, des enfants par exemple).


Puisqu'on est au mois de décembre dans une zone tempérée de l'hémisphère Nord , voyons comment ne pas souffrir du "froid".


Ah, je vous vois venir : fermez aussi ce bouquin de Wim Hof qui est passionnant mais je vous propose de rester un niveau plus basique pour l'instant, ok ☺️ ?




Les 6 facteurs d’influence du confort thermique humain

J'en profite pour saluer ici mon formateur en design energétique Pascal Lenormand... oups, encore un bouquin ! (chez Afnor, 2024)


  1. température ambiante

  2. rayonnement

  3. vent

  4. hygrométrie

  5. activité physique

  6. équipement / habillement


Ce dernier point dépend des 5 premiers.


Cela semble évident. Pourtant je vous assure que ce n'est pas ce que je constate dans la pratique : étant donné que nous sommes habitués à la culture du "bouton", je reçois à la Forest School beaucoup d'enfants très mal équipés !


Par exemple : vous prévoyez d'aller courir 2h sur un site avec de nombreux arbustes (abri du vent), loin d'une zone humide et sous un abri (faible hygrométrie), autour d'un feu et/ou avec une météo prévoyant bcp d'éclaircies (rayonnements)... et bien vous n'aurez bien entendu pas besoin du même équipement que l'inverse.


Donc passer un "bon moment", il faut ainsi :

  • développer :

    • votre culture "environnementale" : la combinaison entre un territoire ciblé et la météo (par exemple : je vais dans une zone humide en plein vent, et il est prévu de la pluie, du vent, et une température ambiante de 10°C).

    • votre culture "corporelle" : analyser/connaître/anticiper votre corps (par exemple : quel est mon métabolisme, quelle sera mon activité physique, serai-je actif/inactif, en digestion, etc)

  • Et lier les 2


Et c'est ainsi que, par exemple en cas de météo hivernale sans rayonnement (soleil ou feu) avec vent et pluie un jour où tu vas rester statique, tu vas pouvoir t'équiper :


•⁠ ⁠1e sous-couche sur la peau = évacuation de l’humidité de la peau (chaussettes, pantalon, sous pul) près du corps en laine pas forcément très épais mais éviter absolument le coton => donc mérinos.


•⁠ ⁠⁠2e couche = isolation thermique = léger+chaud+respirant = grosse laine (Alpaga) ou polaire. Tu peux en mettre 2 si tu manques de graisse.


•⁠ ⁠⁠3e couche = étanchéité respirante (goreTex ideal) - assez large pour laisser une « lame d’air » (coefficient R très élevé).


Voici un belle image proposée par la ForestSchool Autour du Feu (pour le jogging pensez à de la laine ou de la polaire) :




Et surtout penser qu’un corps c’est comme un bâtiment : on prend froid par les extremités (fondations = bottes et cheminée = cou/tête + mains), donc :

  • prendre des bottes avec grosse semelle et semelle intérieure laine (perso j’ai même des chaussettes GoreTex…) +

  • fermer bien le cou + tête (écharpe+bonnet ou moi je préfère capuche serrée).


Vous voilà prêt·es pour expérimenter, pas à pas, et développer votre robustesse.


Et souvenez-vous bien : il n'y a pas de mauvais temps, que des mauvais équipements !

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